Kimbanseke : Les jeunes du quartier Sakombi engagés dans la lutte contre les déchets plastiques

Les jeunes du quartier Sakombi dans la commune de Kimbanseke (commune urbaine du sud-est de la ville de Kinshasa) s’organisent pour rendre leur environnement salubre. Sur l’avenue Père Jean, au niveau de l’arrêt Songi-Songi, après la rivière Mokali, une montagne d’immondices à élu domicile dans ces lieux. Ces déchets d’ordures entassés çà et là, polluent l’environnement et dégagent une odeur nauséabonde, source de diverses maladies humaines.

Compte tenu du problème complexe que pose les déchets ménagers qui ne cesse de croître en quantité, en qualité et en nocivité, M. Fabrice Mpuati, jeune leader de ce quartier à fait de ce problème son cheval de bataille. En mai dernier, il a réuni au tour de lui, plusieurs jeunes de ce coin de la capitale pour une formation sur l’insalubrité et la gestion des déchets ménagers. « Le but de cet échange visait le changement des mentalités de gens de ce milieu afin de le pousser à non seulement assainir l’environnement mais aussi à bien traiter les déchets » nous affirme-t-il.

La formation a permis à la jeunesse de s’engager à changer les choses. Actuellement « Ils organisent des journées “Salongo” pour faire le tri des déchets plastiques, biodégradables et les barres de fer » a-t-il poursuivi. En l’absence de l’intervention de l’autorité communale, le but est, pour ce jeune leader, de pérenniser l’opération “Salongo”. Une fois par semaine, les déchets sont triés et brûlés ce qui peut l’être, le reste est rassemblé pour évacuation grâce aux camions benne vers la décharge publique. Il est à noter que ce camion benne est loué par un jeune du quartier généreux et qui a des ambitions politiques pour les élections de 2023.

Ces journées « Salongo » commencent déjà à porter des fruits. Les plastiques sont brûlés, alors que les biodégradables et autres déchets ménagers sont mis à part pour la décharge publique et les barres de fer réservés à la vente aux clients potentiels qui les livrent à certaines entreprises pour la réutilisation et la fabrication des autres produits finis.

D’après Mme Rachelle, une habitante du quartier, « bien avant, notre avenue était propre. C’est la population environnante l’a transformé en poubelle, tout à basculer. Elle s’est transformée en poubelle en un temps record », nous a-t-elle confiée. Le quartier n’a pas des éboueurs et personne pour ramasser les déchets, la rue est devenue le seul déversoir des déchets, une poubelle où tout le monde s’adonne à cœur joie sans se soucier des dégâts que cela peut causer à la longue.

Pour M. Jean Ngatshie, un infirmier rencontré, les odeurs fétides dégagées par cette poubelle peuvent causer beaucoup de maladies, notamment ; la typhoïde, la malaria, aussi les infections etc. Il a loué l’initiative des jeunes du quartier qui ont quand même mieux penser pour préserver leur santé dans un environnement sain. Il a regretté le manque d’implication de la part des autorités municipales dans cette entreprise qui va dans le sens de l’intérêt général.

De son côté, un vendeur de l’eau en bouteilles plastiques, Soki Kinua, sous son étalage, un petit sachet pour récolter les bouteilles plastiques utilisées sur place et brulées en fin de journée. « Une fois brûlés les déchets plastiques, je les mélange avec les autres déchets qui attendent le camion pour la décharge publique. Il m’est aussi, arrivé d’aller les vendre chez “Kintoko” (programme de lutte contre l’insalubrité à Kinshasa par le recyclage des déchets de bouteilles plastiques, ndlr), mais la quantité était insuffisante. Ce qui m’a un peu découragé. Les bouteilles que je récolte après les ventes sont en petite quantité, c’est mieux de les brûler mais il m’arrive de fois de les donner gratuitement à “Kintoko” dont les points de ramassages sur mon chemin. Mais c’est rare. Car ses points de recyclage sont extrêmement loin de nous », a-t-il rassuré. Il a encouragé cette initiative pour le bien-être de tous, car les ordures détruisent l’environnement et la santé humaine. « Nous avons pris l’engagement de ne pas jeter les déchets plastiques mais de les garder dans un gros sac au coin de l’avenue pour l’évacuer chez “Kintoko” ou les brûler. Mais nous sollicitons de cette entreprise un point de recyclage proche de nous », a affirmé le jeune commerçant.

L’hôtel de ville de Kinshasa se prépare déjà pour lancer officiellement dans les tous prochains jours la campagne de propreté publique à grande échelle, a rassuré, Mme le commissaire général de la ville de Kinshasa en matière de l’Environnement, Leatitia Bena Kabamba. Cette occasion va permettre également à la ville de mettre en pratique l’arrêté du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila signé dernièrement sur le tri des déchets.

D’une manière générale, la ville prévoit trois sacs poubelles de couleur jaune, bleu et blanc. Le sac blanc recueille les bouteilles plastiques ; le sac bleu reçoit les déchets biodégradables et le sac jaune, les déchets non biodégradables. Elle a par ailleurs, invité les autorités politico-administratives d’accompagner cette action pour vivre dans un environnement sain. Elle a insisté car toutes ces autorités restent proches de la population. C’est facile de faire passer les messages pour changer les mentalités. ” Avec un peu de volonté, on peut changer les choses”, a-t-elle indiqué.

Il est vrai que la ville de Kinshasa produit 10.000 tonnes d’ordures ménagères, dont 40% sont des matières plastiques, a indiqué le délégué du groupe Angel, Jérôme Sekana. Vu la gravité de la pollution des matières plastiques dans la ville de Kinshasa, il est temps pour la population de prendre conscience des dégâts causés par les plastiques à travers le monde en général et en République Démocratique du Congo en particulier afin de changer les mentalités.

Il a rappelé pour sa part, le partenariat qui existe entre la société Ok Plast à travers le Projet ” Kintoko”, avec le gouvernement provincial de la ville de Kinshasa que dirige le gouverneur Gentiny Ngobila. Inaugurée depuis 14 avril 2022 par le Président de la République Démocratique du Congo, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’usine Kintoko de la société Ok Plast apporte son appui dans le recyclage des déchets plastiques pour la fabrication des produits finis. Elle s’est engagée dans l’assainissement de la ville pour soutenir l’opération “Kinshasa Bopeto”, lancée par le premier citoyen de la ville de Kinshasa.

Bibiche Mungungu