RDC : le ramassage des déchets plastiques, une opportunité d’affaires à Kinshasa

De plus en plus, les déchets plastiques sont observés dans les rues et rivières de la ville de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Ces déchets composés essentiellement de bouteilles en plastique entrainent des conséquences sur l’environnement et la santé non seulement des animaux mais aussi des humains.

Au-delà du danger que représentent les déchets plastiques, certaines personnes en ont fait une opportunité d’affaires. Il s’agit d’un business qui passe par le ramassage jusqu’au recyclage de ces déchets en objets indispensables vendus sur le marché.

Reportage-Les ramasseurs des déchets plastiques sillonnent les rues du matin au soir. Jeunes et vieux, hommes et femmes, nombreux s’adonnent à cette activité pour subvenir à leurs besoins.

Maman Mado, une des ramasseuses rencontrée dans la commune de Kintambo, est une dame qui nage dans la cinquantaine. Son boulot, ramasser les déchets plastiques qui traînent dans la rue et maisons. Elles passent plusieurs heures pour ramasser en moyenne quatre à cinq sacs de 50 kg dans la journée.

Un travail de longue haleine, qui ne lui procure pas malheureusement assez de revenus, selon son témoignage.

« Mon boulot consiste à ramasser des déchets plastiques chaque jour. Je dois charger un gros sac que je revends à 1 500 CDF le kilo. C’est trop peu comme argent. Nous souffrons pour remplir ce gros sac. Nous souhaitons plutôt que ça soit 2 500 ou 3 000 CDF par sac. Ça nous motivera d’avantage. » s’est-elle préoccupé.

Un peu plus loin, nous apercevons une autre dame qui a préféré garder l’anonymat. Elle nous explique comment se passe son quotidien.

« Quand le camion arrive, il y a un responsable commis ici sur place qui achète nos sacs et leur revend à son tour à 5 000 CDF le gros sac alors que chez nous il ne nous donne que 1500 CDF. Il gagne ainsi 3 500 CDF par sac. C’est vraiment insuffisant pour nous. C’est si difficile de remplir ce gros sac. », a-t-elle affirmé avec un certain regret.

Une fois ces déchets plastiques récupérés, un long processus de transformation des déchets commence enfin.

Après donc l’étape de la collecte, les déchets plastiques sont ainsi récupérés par certaines entreprises. C’est le cas de Ok Plast qui a installé plusieurs points de récupération de ces déchets dans la capitale congolaise.

Au niveau du rond-point Huileries, précisément au marché des rails, nous y avons trouvé un point de collecte et achat des bouteilles en plastiques installé par l’entreprise Kintoko.

Pour savoir un peu plus sur comment opère Kintoko, nous avons rencontré Jérôme Sekana, Délégué Général du Groupe Angel et Ok Plast. D’après lui, Kintoko a été créée avec l’appui du Gouverneur de la ville de Kinshasa dans le but de contribuer aux efforts du Gouvernorat provincial dans la lutte contre l’insalubrité. Pour ce faire, la société Kintoko a placé à Kinshasa plusieurs points où ils collectent et achètent ces plastiques pour en faire des composites qui sont envoyés dans leur usine en vue d’un recyclage.

« Ok Plast a sollicité un appui ou prêt du Gouvernement provincial de Kinshasa grâce à la politique du Gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka. Une convention qui a fait que OK Plast puisse construire une usine avec comme mission principale de commencer à ramasser et de recycler des bouteilles en plastiques qui se sont accumulées dans des poubelles depuis de dizaines d’années. », a expliqué Gérôme Sekana.

En une année déjà, Ok Plast a déjà collecté 5 millions de tonnes de déchets plastiques. L’ambition de cette entreprise est de collecter 50 tonnes de déchets plastiques. OK Plast ne dispose jusque-là que d’une capacité annuelle de 25 tonnes de déchets plastiques. A la base, certaines pesanteurs encore à surmonter.

Le ramassage des déchets, une opportunité d’emplois pour plusieurs jeunes

Dans la ville de Kinshasa, il n’y a pas que la société Kintoko qui s’investit dans le recyclage des bouteilles plastiques. Il s’y trouve aussi Congo Salubrité qui collecte toutes sortes de déchets plastiques alors qu’au départ cette société ne s’intéressait qu’à la collecte des bouteilles en plastique.

Chez Congo Salubrité, le traitement des ramasseurs est par contre en deçà de ce que propose Kintoko.

Chaque ramasseur a droit à 300 CDF pour un kilogramme de déchets plastiques collectés alors que Kintoko propose 1500 CDF pour un kilogramme de déchets collectés.

America Kankonde, responsable de Congo Salubrité explique la vision de son entreprise.

« Nous avons une connaissance sur la gestion intégrale de tous les déchets et j’ai préféré m’intéresser au plastique. Après mon déplacement à l’étranger, nous nous sommes investis dans ce domaine. Parlant de la gestion intégrale, nous commençons par le ramassage des déchets dans un endroit pollué pour piquer les matières premières. Nous collectons aussi les déchets des ménages. Cette collecte faite de manière publique et privée est directement acheminée sur le site de traitement destiné premièrement au recyclage des tuyaux PVC; une option qui n’a répondu qu’en partie au besoin vu que la production de ces tuyaux PVC ne prenait que les matières spécifiques, devenu un autre problème. Au regard de la quantité des matières dégagées par la ville, nous avons pensé à un autre procédé qui pouvait assurer la destruction massive des déchets; à l’instar des pavés et du plastique Houde dont la fabrication prend en compte tous les déchets. », a-t-il fait savoir.

Parmi les difficultés auxquelles toutes les sociétés spécialisées dans le recyclage de déchets font face, Nous citons les taxes qu’elles payent aux différents services de l’État. Elles souhaitent avoir certaines facilités pour mieux évoluer. Car l’un des moyens pour lutter efficacement contre l’insalubrité causée par les déchets en plastiques, est le recyclage. Le gouvernement devait en effet encourager la création des PME intéressées dans le recyclage car plus ces PME sont nombreuses, plus elles ont les moyens, plus il y aura d’emplois avec ces ramasseurs et moins de déchets en plastiques dans la ville de Kinshasa.

C’est non seulement un moyen efficace de rendre la ville propre mais constitue bien plus un business dont plusieurs personnes, en particulier des jeunes victimes du chômage, pourraient tirer profit.

Un reportage de Nadine FULA réalisé grâce à Internews